Retrouvailles avec mon vieux Blog MySpace (extrait) – un lundi au bureau …

Salut la compagnie
Mine de rien, bien avant Facebook, avant tout le reste d’ailleurs, pour moi il y avait MySpace. Il y a toujours MySpace d’ailleurs. Le mal aimé des réseaux sociaux qui s’est fait tailler la part belle par facebook et twitter.
J’y reste TRÈS ATTACHÉE. Parce que c’est là que j’ai monté mon premier blog en Octobre 2006.
Et puis j’y ai fais des rencontres humaines supers 🙂 Y compris mon amoureux… si si et que c’était pas du tout prévu au départ !
Côté musique c’est là que j’ai découvert des tonnes et des tonnes de supers artistes… notamment le label Hotel café Tour ou Joshua Radin…
Et puis il ne faut pas oublier que si j’ai atterri sur MySpace c’est parce que je voulais monter un blog. Je voulais ECRIRE. J’ai pas l’air comme ça mais j’ai déjà 4 manuscrits à mon actif… jamais publié… (manque de connaissance du milieu de l’édition, manque de piston, manque de temps, manque de tout …)…. alors le blog semblait être une bonne alternative et collait bien à mon style…
Ah si vous tenez à ce que je m’explique, j’utilise la technique de littérature américaine appelée : Creative Writing. J’ai découvert ça en Deug avec ma prof américaine de littérature Américaine. Kathleen Spivack. Une femme géniale, qui avait enseigné à Harvard et qui avait le don de vous emporter avec elle dans le grand monde de l’imagination….
John Irving utilise cette technique, Sandra Cisneros (The House on Mango Street – à lire de toute urgence si vous ne connaissez pas – ) – donc je m’y suis mise. Quelques mots, quelques indications sommaires et on se lance. On se lance direct, on y va, on fonce ! Topez là vous avez 20 minutes ! Et les mots sortent, défilent… c’est proche de la technique de l’écriture Automatique d’André Breton mais ça ne va pas dans l’abstrait ou le surréalisme…
Enfin voilà. Pas envie de le perdre ce petit blog MySpace que j’ai fais vivre…
Il y a des choses moins bonnes que d’autres c’est sûr. Moins « inspirées » je dirai…
Quelques extraits… Un Lundi au bureau (à 33 ans) …

 

LE LUNDI AU BUREAU –  A 33 ANS

Le lundi au bureau ce n’est pas brillant. On pourrait penser qu’avec les années ce genre de choses se tassent. On pourrait penser qu’on se conditionne à la longue ? Alors oui. On se conditionne en ce sens que la rebelle que j’étais est devenue « Manager ». ATTENTION. Je ne suis plus la junior qui bondissait dans tous les sens, qui se permettait de faire des conneries se planquant derrière son statut de « junior ». Maintenant c’est moi la CHEF.

Et ça me fait bien rigoler.  Un des avantages (pas lié au fait d’être chef) c’est que je ne me tape plus les transports en commun. J’ai donné. Des années de RER, de trains de banlieue supprimés, en retard, deux en un, d’escalators en panne, de marées humaines à la gare Saint-Lazare ou La Défense, des sprints en talons dans les dédales de couloirs, des wagons blindés de monde, de gens propres et sales mélangés, de mélanges d’odeurs corporelles, de parfums, de maquillage et d’after-shave.

Des sacs à mains qui te cognent les mollets, la poitrine collée au bras d’un mec qui malgré lui en profite, de l’agression concentrée en début de journée qui fait qu’on arrive au bureau déjà excédé.
Parfois ça se passe bien, donc ça compense. Mais pas souvent. La plupart du temps on arrive déjà à cran. Donc moi, j’ai de la chance pour une fois, j’habite à moins d’une minute à pieds de mon bureau. Un luxe qui ne durera pas c’est sûr. D’ailleurs c’est un luxe tout à fait relatif car j’ai des travaux dans ma rue pour me rappeler que rien ne sera jamais parfait dans ma vie. Je n’ai pas l’agression des transports en commun mais l’agression du bruit, des ouvriers qui gueulent comme des veaux à 7h du matin dans la rue avec un camion géant qui fait un boucan du diable. J’envoie d’ailleurs direct, un sms au chef du chantier pour lui signaler le non respect du deal qu’on avait négocié ensemble. Je les autorise à me pourrir la vue à ma fenêtre pour qu’ils stockent leur matos, en échange, c’est silence jusqu’à 7h30. Ils ont démarré à 6h45. ça va chier. Voilà le sms : « Bjr ! C normal q les gars komencent à 6h45 ? Je V venir vous voir tt à l’H ! » Allez… C’est parti je vais aller râler sur le chantier pour la 15ème fois depuis que tout ce bordel à commencé…
Je me lève ainsi, grâce à eux entre autres, légère et de bonne humeur !
Le rituel de la semaine commence. J’ai l’obligation d’être impeccable. Non seulement parce que je suis manager de relations publiques mais en plus parce que je suis dans le luxe.Tout moi ! Je crois que je ne pouvais pas trouver plus représentatif de ma personnalité réelle ! C’est ironique bien sûr. Mais je joue le jeu. C’est l’avantage d’avoir 33 ans et pas loin de 10 ans d’expérience professionnelle. On accepte mieux certaines règles. On comprend que ça n’est pas de la corruption. Enfin disons qu’on n’accepte mieux de jouer le jeu d’un système même si ce n’est pas le nôtre parce qu’on sait que ça ne dure qu’un temps. Enfin on espère.
Alors voilà. Je me prépare comme un soldat. J’enfile ma panoplie corporate impeccable de working girl qui assure des cacahouètes mais qui reste payée des clopinettes, maquillage impeccable, brushing bcbg, bijoux du genre classique, un pschitt de parfum, une banane, un kiwi, mon sacro-saint ricoré lait écrémé avec Télématin en fond et hop’, emballé c’est pesé, j’enfile ma veste tailleur et c’est parti pour une journée intense de stress sans strass, des têtes de nœuds à gérer et le tout avec le sourire, silvouplé Madame !

 La différence fondamentale par rapport à mes 25 ans c’est que maintenant je travaille vraiment. Du genre je n’ai plus du tout le temps d’animer les ondes ! Avant j’étais LA grande manitou de l’email ! J’avais une mailing liste immense et chacun avait l’honneur et le plaisir – ou pas – d’avoir mes états d’âme du lundi matin… ou du lundi après midi, ou du mardi, mercredi et toute la semaine comme ça. Je lançais des débats online, c’était l’ancêtre du blog, du site communautaire ma mailbox !

Bon. Je me faisais griller par mon patron de temps en temps mais même pas peur je m’en sortais très bien. Aujourd’hui ça m’arrive même de bosser le soir chez moi le soir et le WE alors côté animation des ondes pendant les journées de boulot ce n’est plus vraiment possible…
Mais le lundi matin, faut me laisser en paix. Le pire qui puisse m’arriver c’est une réunion le lundi matin à peine arrivée. Là je sais, que d’emblée, je passerai une mauvaise journée.
Quand j’arrive au bureau le lundi matin, je déteste prodigieusement qu’on me saute dessus avec un : ça va ? t’as passé un bon WE ? Mais putain ! Je vous demande pas vous si vous avez passé un BON WE !!! Pourquoi faut-il avoir passé A TOUT PRIX un BON WE ?
Ne peut-on pas juste se contenter d’un « bonjour » ? ET No COMMENTS ?  Moi je respecte l’idée que certaines personnes ont PEUT ETRE passé un WE de merde. Donc je ne prends pas le risque de demander. En plus je m’en contre fous. Donc qu’on me foute la paix aussi.
Une fois j’ai osé répondre : NON, un WE DE MERDE et je me suis barrée. Ah c’est sûr ça fait pas très « public relations »… C’est plutôt hostile comme message. Mais en même temps, merde. Je ne m’appelle pas Lorie.
Mes collègues de bureaux ne sont pas mes meilleurs amis. D’ailleurs mes meilleurs amis sentent très bien quand j’ai les boules et qu’il faut éviter les questions à la con du genre : « t’as passé un bon WE » ? Mais Qu’est ce que ça peut faire ? Puisque de toutes façons, on est lundi matin et que le WE est fini et qu’il faut bosser à présent ?
Allez. J’allume l’ordinateur. Pourvu qu’il ne plante pas, que je ne sois pas arrivée tôt pour rien. Parce que ça, arriver le lundi matin au bureau la fleur au fusil prête à bosser comme une tarée et ne finalement pouvoir être opérationnelle qu’à 10h du matin parce que les serveurs à Londres sont à plat, ça, je vous jure ça énerve. Parfois ça ne marche tellement pas, que même Internet est inaccessible. Même pas possible d’aller s’étaler l’état d’âme sur facebook… la loose quoi !
En tous cas je mets la machine en route et en attendant je vais à la machine à café. Si j’ai la monnaie je suis sauve. S’il y a le voyant orange et que j’ai que des pièces de deux euros, là je fais la gueule. Pas un Starbucks aux alentours… Faudra se taper le petit noir de l’autre machine à café ultra dosé en caféine qui vous déglingue le palpitant en moins de deux gorgées…
Allez. J’OSE PO-SI-TI-VER ! J’ai mon café long pipi de chat de la machine à café – sans sucre – mon ordi va bien, et là… c’est le grand déballage d’emails…. En moyenne le lundi matin : une bonne centaine…ça ira mieux quand j’aurai fait le tri des e-newsletters divers et variées et de tous ces supers articles de presse… Il ne restera que des mails à caractère urgent là tout de suite maintenant et que côté politesse de base on repassera parce qu’on est des gens occupés et sous pression nous Madame !
Alors je déblaie. Je me mets en mode bulldozer. Ne surtout pas penser. Action. La To do List se rétrécit en trois heures. On dégomme tout. Comme de toutes façons ça va recommencer demain matin, faut pas perdre de temps. On fait le deuil de l’humanité dans le travail à quelques exceptions près. C’est la crise ! Faut se défoncer. Faut surtout tout faire pour garder son job.
Enfin c’est ce qu’on nous fait comprendre. Ce qui fait qu’ont doit en plus comprendre le sous entendu qui va avec : ton augmentation tu te la mets où je pense parce que déjà, estime toi heureuse d’avoir un travail. Oui oui…
Alors je me vois débarquer le lundi matin au bureau joviale, anticiper les bons petits soldats, débouler dans leur bureau avec un sourire banane, les scotcher sur leurs sièges avec un immense sourire ultra brite et leur annoncer fièrement : j’ai passé un SUPPPEEEER WE !!! J’adore ma vie, j’ai des amis formidables, une famille formidable, un travail formidable, j’aime tout le monde, j’ai trop de chance de travailler ici, je vous aime ! Tu aurais encore un peu de vaseline STP ? Et je repartirais, un sourire figé fendant en deux mon visage, tel The Joker dans Batman. Ça serait beau.
Lundi matin au bureau à 33 ans. Dans le meilleur des cas j’échapperai aux réunions. Les réunions faut vraiment, mais alors VRAIMENT faire genre « j’y crois ». Prendre des airs de personne très concernée. OVER concernée comme on dit. Se radiner avec son ordi, son smartphone. Prendre le ton conventionnel qui va bien : Oui alors comme nous l’avions évoqué lors de la dernière réunion (entre parenthèse, toujours aussi indigeste – mais ça on se le garde pour soi), nous avons donc avancé sur le projet (très important le « nous »… On est un « TEAM »)…. Et blaaaaaa blaaaaa blaaaa…
En fin de réunion, après s’être enquillé un ODJ (ordre du jour) ou Meeting agenda (ça c’est pour les anglo-saxons / franglais), on se cogne en plus, les meeting minutes, ou meeting notes ou compte rendu. Je le range dans son dossier Outlook prévu à cet effet.
Allez. PO-SI-TI-VONS. Parfois, les réunions sont constructives.
Je bois beaucoup de café le lundi. Sinon c’est trop dur. Je ne sais pas si j’ai besoin de la caféine ou juste de m’infiltrer quelque chose de chaud dans le corps. Les deux sûrement. Avec ma collègue que j’adore, c’est cool. On se comprend. Dieu merci. Entre nous on ne se prend pas la tête. Elle est comme moi. Enfin pas comme moi à 100% heureusement pour elle, mais on se respecte. On sait qu’on ne doit pas s’imposer tout ce rituel de wouineurs du travail à la con le lundi matin. Ni les autres jours d’ailleurs. Parfois ça va pas, parfois ça va et on en fait pas tout un fromage.
Un lundi matin au bureau à 33 ans, c’est plus de responsabilités, plus d’outils perfectionnés (j’ai un black berry multimédia depuis plus d’un an, c’est la fête du slip), plus de désillusions, une meilleure gestion du formatage (la preuve), et fondamentalement je suis vachement mieux dans ma peau. Vous ne trouvez pas ? C’est beau le monde du travail tout de même…

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