I am a Chubby Unicorn

Je n’aborde jamais ce sujet. Mais je me suis dit que j’avais envie de reprendre un peu de blogging et que le sujet était d’actualité. ça me donne l’impression de faire un « coming out » … un peu ce sentiment de se mettre à nu devant tout le monde et de dire : oui, je suis grosse. Une petite grosse. Un mètre cube. 20kgs de trop au compteur après avoir été dans la zone des +10kgs pendant des années. Mais l’âge, la grossesse, la sédantarité parfois forcée, les hormones, le ras le bol, la déprime, le chômage longue durée, les difficultés de la vie, j’ai accusé le coup. Alors voilà, je suis la fille qui n’a presque aucune photo d’elle de plein pieds et qui n’en montre jamais.

Je suis la fille qui aimerait etre invisible pour aller à la plage, à la piscine, en été. Je suis la fille qu’on a toujours dit qu’elle était bonne vivante, bien potelée, a qui il fallait mieux faire envie que pitié.

Je suis la petite fille à qui on donnait une tranche de saucisson, un bout de gruyère, un quignon de pain parce que j’étais mignonne et que j’engloutissais tout avec plaisir et sans résistance. Je suis la fille qui chez son papi et sa mamie reprenait une 2eme part pour faire plaisir (et sûrement parce que ça me faisait plaisir à moi aussi).

Je suis la fille à l’adolescence au golfe persique qui a soudain réalisé que la séduction passait par l’apparence. Je suis la fille qui dès l’âge de 14 ans, s’est gavée d’isoméride, dinintel, Thiomucase, qui a fait du sport à outrance, s’est mesurée le pli cutané tous les mois, et qui réusissait grâce à un régime draconien à avoir cette allure presque acceptable que la société conditionnait à avoir.

Je suis aussi cette adolescente qui mangeait en cachette, qui une fois s’était fait goaler par sa mère en train de se vider une boite de chocolat en poudre dans la bouche et qui surprise par cette dernière se l’est renversée sur le visage dans son intégralité.

Je suis cette fille qui a eu un cadenas sur le frigo familial. Je suis cette fille qui a eu un père marqué par sa mere obèse et qui a lui même souffert de surpoids et qui ne voulait pas que sa fille vive la même chose et qui m’avait dit une fois en seconde: tu veux un mec ? maigris. Je suis cette fille qui a une mère toujours bien roulée après 5 enfants, mince de nature avec un métabolisme qui brûle a fond et qui m’a encouragé à être dans le contrôle pour m’éviter de souffrir et devant qui aujourd’hui j’appréhende toujours de montrer mon corps sachant que je serai forcément jugée.

Je suis cette fille qui a toujours souffert de ses kilos même quand elle n’aurait pas du, même quand ils n’étaient pas nombreux, même quand je n’aurai jamais du faire de régime.

Je suis cette fille qui se comparait tout le temps par rapport à ses copines, ses cousines, ses voisines, toutes grandes, minces, élancées, donc crédibles.

Je suis cette fille qui a toujours eu le sentiment de ne pas être légitime à juste être comme j’étais. Et ça c’est dur à admettre.

Je lis beaucoup de textes, de témoignages, je vois tous ces comptes instagram qui revendiquent le #bodypositivism , qui s’insurgent contre la #grossophobie , les mouvements type #graspolitique qui vont encore plus loin ou l’écrivaine Gabrielle Deydier et son si touchant « on ne naît pas grosse » … Tout cela me pousse peut être à apporter ma pierre à l’édifice après ces 30 années passées à souffrir, à faire le yoyo, à mettre mon corps et mon mental en souffrance pour essayer d’être celle qui me semble, qu’on me dit, être celle qui est la vraie moi, la belle, conforme, ‘healthy’ moi.

J’ai essayé. Pendant 30 ans. Avec plus ou moins de succès, plus ou moins longtemps. De la volonté j’en ai plus que quiconque et je deviens dans une colère noire quand on ose insinuer que j’en manque. Ceux qui vivent cela savent. Des années de contrôle obsessionnel, de sport à outrance même épuisée, Stop & Go. Echouer, tomber, toucher le fond, redonner un coup de collier, recommencer, s’accrocher, tenir bon, réussir, … retomber. pendant 30 putain d’années. Le poids de la culpabilité dans l’échec, l’euphorie galvanisante de la réussite. Et quand même se regarder dans la glace et se dire : naaaaan. ça va pas, c’est pas assez et je suis toujours aussi moche.

Mon visage est la seule chose que je tolère … si je ne regarde pas trop dans les détails. La vérité c’est que je m’invisibilise. Certains vont dire: si tu te sentais aimée tu t’aimerais. Faut arrêter avec ça. ça n’a rien à voir. On peut être aimé « tel qu’on est » et ne pas s’aimer soi. Moi on ne m’a jamais appris à m’aimer moi. La société, ma famille, l’entourage. On m’a toujours appris que telle que j’étais ce n’était pas bien et qu’il fallait que je sois mieux.

Ces derniers temps, le sujet me travaille davantage. Surement parce que je vieillis et que dans ma tête, tout cela fait son chemin. Sûrement parce que j’ai atteins mon maximum en poids et que ce mouvement de body positivism à l’approche de l’été et cette pression du corps estival reprend toute sa place (malgré les mois de confinement qui poussaient à relâcher la pression). Le monde d’avant reprend tous ses droits, les remarques de merde aussi et mes complexes aussi.

Hier je suis allée chercher ma fille à un anniversaire. Je me suis retrouvée la seule maman petite, grosse, entourée de 5 autres mamans, grandes, minces, bien sapées, super lookées et moi qui était plus relax. Malgré moi, ces sentiments de fille complexée sont ressortis et ça m’a déglingué. Moi qui pensais avoir dépassé ça, moi qui pensais ENFIN être au desus de ça et libérée … queudale. J’étais 30 ans en arrière, l’ado ruinée intèrieurement qui faisait comme si de rien n’était mais qui se disait qu’elle est la nulle de la bande, la pas légitime, la pas crédible, la plus moche.

J’étais en pleine conscience de cette situation que seule moi je devais ressentir même si je sentais des regards de jugement (forcément on est jugé sur son apparence surtout au milieu de mamans trentenaires branchouilles friquées parisiennes) et presque par chance, il y a eu une dispute d’enfants et j’ai pu avoir un super prétexte pour partir et arrêter cette séance de torture.

Et puis ce matin je lisais le compte instagram d’une fille activiste qui montrait le tsunami d’insultes qu’elle avait reçu suite à une photo qu’elle avait posté d’elle en maillot de bain… et ça m’a tellement mis en colère. Cette pluie de préjugés : grosse = faineante, sans volonté, forcément moche, ratée, et j’en passe.

A tous ces gens là j’ai envie de leur dire : le jour où vous aurez eu autant de volonté que toutes ces personnes que vous insultez, là où on pourra discuter. Mais d’ici là : allez tous bien vous faire cuire le cul.

A vous les startuppers et les recruteurs qui voulez le beurre et l’argent du beurre

J’ai 44 ans, une enfant de 4 ans, un Bac+5 et 18 ans d’expérience à l’international. Je suis dans la communication. Des grosses agences, des gros clients internationaux, chez l’annonceur avec là aussi des services de communication qui claquent, des profils d’entreprise et clients multiples, des problématiques multiples (pardon de pas avoir voulu rentrer dans un seul type de case), je suis plutôt douée en management, en marketing aussi, en digital aussi (dans le e-Commerce et l’innovation depuis une dizaine d’années), je suis bilingue anglais (mais vraiment hein … j’ai grandi à l’étranger et fréquenté une école anglaise enfant), … et je suis au chômage depuis 1 an.

Un chômage pas vraiment choisi. J’ai choisi d’avoir une enfant que j’ai eu tardivement (pour raisons médicales) et après une série de paramètres, dont la conjoncture économique, je n’ai pas fait forcément de choix carriéristes mais plus des choix d’équilibre. Vous savez ce truc que les mamans qui travaillent essaient désespérément d’avoir : le sacro saint équilibre vie pro vie perso si difficile à trouver en France parce que dès qu’on part à 17h30/45 /18h ou qu’on arrive haletant à 9h30 (alors que vous êtes connecté 24/7 quasi entre le smartphone, l’ordi portable avec tout sur le cloud et j’en passe et déjà sur vos mails au petit dèje), on vous fait comprendre que vous êtes tire au flanc, pas à la hauteur, que vous devez faire des choix toussa … Et moi je n’ai jamais voulu céder à ce chantage et cette pression (que j’ai quand même ressenti évidemment sinon je ne serai pas en train d’écrire ce billet) …

Donc je suis au chômage et je me suis dit : OK. Hors de question de refaire des erreurs passées. Cette fois je serai plus selective et surtout, cette fois je ne me braderai pas. Faut pas déconner. 18 ans d’expérience, des compétences réelles et sérieuses, une vraie polyvalence, une vraie rapidité d’analyse et d’exécution, merde. Je brade pas.

Alors j’ai démarré ma quête. J’ai touché au bout de 10 mois la peut être quête ultime, mais … paf patatras, a un cheveu près c’était pas moi. Dommage. Je n’ai jamais su pourquoi. Juste que j’étais à un cheveu. Alors quoi ? J’étais trop vieille ? Trop chère ? Trop grosse ? Trop douée ? (pourquoi pas après tout) …

Dans les annonces d’aujourd’hui je distingue que : on cherche des gens seniors (35 ans c’est Senior en com’ … 44 ans c’est bon à jeter) …avec des compétences qui vont au delà du coeur de métier (oui parce qu’aujourd’hui un Dircom doit être : pro du Web Marketing, du CMS, du SEO, de la Suite Adobe y compris After Effects, et EVIDEMMENT être incollable sur Google Analytics) … c’est un peu le Pack Office des années 2000 quoi… MAIS ATTENTION … pas cher. Ce qui fait qu’on trouve AUSSI des annonces JUNIOR pour des postes de SENIOR… toujours pas cher.

C’est déroutant.

L’autre jour, j’ai été contactée par un jeune startupper au sourire ultra brite, qui me tutoies d’emblée sur Linkedin en MP et qui me propose de discuter parce qu’il a une startup dans le wellbeing qui claque sa mère et qu’il doit développer sa com’ … OK man … alors avant hein je vais poser quelques questions de base (on apprend pas à la vieille guenon à faire la grimace) : c’est quoi exactement les besoins ? Le type de contrat recherché : salarié ? Freelance ? Et le budget / salaire ça serait quoi ?

Le startupper me répond : il n’y a pas que le salaire dans la vie …

Comment dire … Alors oui c’est vrai, aujourd’hui, notamment les nouvelles générations (qui vivent encore chez leurs parents), ont besoin de trouver du SENS à ce qu’ils font. Je vous rassure, moi aussi. Travailler bêtement, ça ne marche plus. ça n’a d’ailleurs jamais marché…pour personne.

Et je vous rassure pour les plus >40 ans aussi. Mais travailler pour la gloire ou en deçà de son expérience et compétences, bah … Non… en fait. En fait si, l’argent c’est AUSSI important comme critère parce qu’avec l’argent on peut : payer son loyer, son electricité, son telephone, sa mutuelle santé, ses impôts, la cantine de son enfant, ses cadeaux de noel et anniversaire, des vacances une fois l’année qui ressemblent à des vacances, des vetements, des chaussures (même si achetés sur Vinted pour la majorité), donc excuse moi toi le jeune Startupper à la wouine démesurée, mais ouais, la thune, ça compte. Et quand on est une « vieille » comme moi, bah ça compte aussi.

Et pour les RH qui se font dicter leurs annonces par les directions marketing : faites quelque chose bon sang. Je ne suis pas une peintre en bâtiment Polonaise en situation illégale … c’est une image bien sûr … on est pas sur le marché de l’emploi version Hard Discount… ? Si ?

Alors attention… je m’adapte. Je me forme ! A moi les MOOC’s, les formations en marketing digital certifiantes pour savoir causer avec le bon jargon, faire ma presentation powerpoint avec la bonne méthodo qui va bien qui rentre dans les normes acceptées…. A moi les tutos Photoshop, Indesign, Illustrator, After Effects … et puis en plus ça m’amuse, j’aime bien.

Mais 1) j’aimerai qu’on arrête de penser que passé 40 ans et qu’à partir de 45 ans, on va être has been, inaccessible, hors de prix (non non, juste un salaire correct qui justifie les compétences et expérience) et que 2) on arrête de brader les gens avec des prétextes de merde.

Je vous rappelle qu’on est une société vieillissante. Donc vous les jeunes qui avez les dents longues et pensez que vous avez tout compris au monde et que c’est vous qui avez raison, on en reparle dans 10 / 15 ans. ok ?

Allez, salut.

La vieille guenon de 1975 qui n’a pas envie de faire de SEO pour ce texte.

La femme de ménage

J’ai toujours vécu, enfant – quasiment – avec une femme de ménage dans ma maison. On peut même dire, une bonne, puisque à l’époque, lorsque j’étais enfant, quand nous vivions à l’étranger, cela faisait partie de « l’équipement » de l’expatrié. La seule différence étant que mes parents respectaient leurs employés et elles ont toutes sans exception, été traitées avec humanité. Et moi je les aimais comme des membres de la famille.

Et puis nous sommes rentrés en France. Mon père était presque tout le temps en déplacement à l’étranger et ma mère travaillait avec 2 enfants, le choix d une femme de ménage / repassage restait la norme …

Et puis mes autres frères et soeur sont nés et un de mes frère était handicapé donc pour le coup, une grande maison, 2 chiens, 5 enfants (même si j étais moins souvent là), ça se justifiait. Et au final on s’est aussi tous mis à faire le ménage et franchement, ça se passait bien.

Dans de nombreux cas je trouve justifié le recours à une femme de ménage : horaires des deux parents lourds, grande surface habitables, personnes âgées, malades, handicapés, dans bien des cas cela se justifie.

Et puis il y a les autres. Les bourgeoises pour qui récurer un chiotte et passer un coup d’aspirateur est dégradant ou symbole de perte de temps inutile…La femme de ménage est le symbole d’un standing de vie. On est socialement en haut de l’échelle quand on a une femme de ménage (pour cette catégorie de personnes). Faire le ménage est vu comme une infamie. Elles n’en ont même pas conscience: c est la norme ! Leur norme ! Comment?! Tu gagnes 2x le smic et tu n’as pas une femme de ménage pour tes 50m2 ?! A Paris. Et puis ça fait marcher l’économie, ça fait des emplois, tout ça … oui c’est vrai aussi, peut être.

Je suis inscrite sur un groupe Facebook de mamans de mon quartier. C’est vachement bien pour faire de la sociologie. Il y a de tout: des rares pauvres, pas mal de classes moyennes d’inférieures à supérieures et ce que j’appelle moi : des super riches (je pense qu’une partie paie ou frôle le paiement de ce qui aurait pu être encore l’ISF) – je suis à la fois sidérée, captivée, amusée et révoltée par tout ce que je lis. Je me permets d’intervenir et commenter, aider, informer quand je trouve que je peux le faire … et parfois je réagis … hier j ai réagi.

Hier, énieme post dédié à la femme de ménage. Cette fois pas la recherche de la perle rare mais une jeune femme qui vient clamer sa détresse (photos du drame a l’appu) de sa femme de ménage qui a tâché son canapé avec de l’eau de javel ainsi que le pantalon neuf de son mari !

Sur le moment j’ai ricané. Je sais, c’est pas sympa. Et puis en lisant son post j’ai commencé à moins ricaner. Elle était prête à faire marcher la responsabilité civile de sa femme de ménage pour l’incident. Sa femme de ménage était déjà en train de proposer le remboursement du pantalon neuf (ça ne devait pas être un pantalon H&M à 30 balles) – S’en est suivi une liste de commentaires de nanas comme elle : « jamais d’eau de javel pour la femme de ménage », « oui, allez y pour la responsabilité civile » … et j’en passe et des meilleures.

Et là je me suis mise à la place de la pauvre femme de ménage qui a du être saisie d’angoisse après avoir fait sa connerie. La peur de perdre son job dont elle a surement besoin. Je l’imaginais embarquée à devoir faire marcher son assurance qui jamais ne rembourserai le canapé et le pantalon du mari …

Evidemment que c’est contrariant. ça m’arriverai j’aurai les glandes faut pas se leurrer. Mais jamais ça ne me viendrai a l’idée de faire marcher des assurances ou d’accepter / demander un remboursement. J’imaginais le mépris dans le regard de son employeur … et je me suis dit : mais bon sang ! elle a qu’a le faire elle même le ménage d’abord !

Alors je me suis sentie obligée de commenter. Evidemment, j’essaie de rester civilisée et intégrée dans ce microcosme alors j’évite de devenir révolutionnaire dans ce genre de groupe. Je propose des solutions pratiques genre : « vas y tu mets un bon coup de marqueur sur le canapé Madame, on la verra plus la grosse tâche rose clair sur ton canap’ gris anthracite Ligne Roset / Habitat / Roche Bobois » (je plaisante j’ai pas mis ça).

J’ai un immense respect pour les femmes de ménage. Je pense à toute la merde des autres qu’elles ramassent, à tout ce qu’elles nettoient, à ceux (notamment les clients en hôtellerie de luxe) qui parfois se permettent d’être des gros porcs dans leurs chambre sous prétexte qu’ils paient pour que ce soit nettoyé … (oui parce que les femmes de chambres dans les hôtels aussi j’ai beaucoup d’admiration pour elles). Et oui ce sont souvent des femmes, aussi.

On dit que les femmes de ménage sont bien payées à l’heure. Les non déclarées peut être plus …peut être. Elles bossent beaucoup, se tapent plein de trajets, ont le dos et les mains abimés, inhalent des détergents à longueur de journée, de nuit… et souvent elles ont aussi une famille.

La femme de ménage est donc un privilège normal pour certaines qui pourraient faire sans et qui oublient totalement qu’en vrai, si elles étaient un peu moins snobs, prétentieuses et empotées, elles dégageraient 1h ou 2h de leur temps si précieux par semaine pour le faire elles mêmes et ça leur remettraient les idées en place (en plus d’avoir le sentiment satisfaisant d’avoir nettoyé son habitat) … et souvent quand on nettoie sa maison, on nettoie dans sa tête aussi.

Essayez ! Je vous assure ça fait même pas mal !

La dégaine déglinguée d’une maman en vacances

Moi aussi avant, quand j’étais en vacances à la mer, j’avais le temps de glander et d’être bronzée comme un pot de baume bronzant Lancaster le cul moulé dans mon deux pièces. Bon. Certes je me trouvais déjà dodue à l’époque mais finalement avec du recul j’étais juste un peu pulpeuse, surement sexy mais je l’ignorais (c’est chiant de se rendre compte a posteriori qu’on était en fait bien goalée !).

Je faisais gaffe à mon look. Je crois même que je mettais du mascara waterproof, de l’huile protectrice dans mes cheveux évidemment bien coupés, balayés pro, épilée, manucurée, gommée, fringuée sexy si je voulais (bon ok ça je peux moins le dire j’ai toujours privilégié le confort) et Nec plus ultra, j’avais un livre dans mon sac de plage et une brosse à cheveux. Mais ça, c’était avant.

Maintenant j’ai un bermuda en jean un peu destroy et un peu trop grand (pas un short sinon j’ai les cuisses qui frottent), 15 kilos de plus que je travaille à faire disparaître (mais c’est plus long qu’avant en fait et plus dur), un T Shirt potable un peu large, informe, tout terrain et une paire de tongs qui sera sûrement bonne à jeter d’ici la fin de l’été, un sac à dos de randonnée comme sac de plage avec dedans le lot de serviettes, change, portefeuille, jouets, pommes de pins, trognons de pommes de pin, kleenex, lunettes de soleil (que je mets jamais), une Kindle restée à la location parce qu’en vrai c’est impossible de lire quand on est maman d’une mini tornade.

Et puis j’ai un sac glacière vert fluo que je porte en bandoulière. C’est la grande classe. Sac à dos de rando, sac glacière en bandoulière avec les goûters, l’eau, le jus de pomme, le sacro saint sopalin, bref, faut bien s’équiper. Un chignon vite fait avec mon élastique lui même déglingué. Mon conjoint même combat, mais je trouve qu’il a toujours l’air classe. Moi, c’est discutable. C’est quand même lui qui se colle le bodyboard Vaiana acheté au Leclerc du coin parce que notre fille voulait un bodyboard et adore Vaiana et parce que je suis faible et voulais la paix pendant que je faisais les courses et qu’elle était dans le caddy.

Je pense à tout ça parce que ça fait deux étés, surtout celui ci, où je vois les filles jeunes sans enfants, le cul exposé dans des 2 pièces Tanga (vous savez, les faux strings où ça fait genre on a le maillot qui nous rentre dans les fesses mais en fait non, là c’est fait expres !) MAIS les seins couverts (ça, ça m’épate : montrer son cul c’est ok mais les seins, non) … Bref, je les vois sur la plage, affirmer leur body positive (ce que je trouve super soit dit en passant), la peau ferme, sans cellulite ou presque, bien dorées, pas un vaisseau de pété, le ventre plat évidemment, la peau entre les seins pas fripée, le sourire ultra brite de la jeunesse insouciante éclatante et moi. Moi et mon chéri avec notre tente SPF50 coupe vent mieux qu’un parasol à la con qui s’envole (un des trucs qu’on a le mieux amorti à l’arrivée de ma fille je vous donnerai le lien si vous voulez)

Et nous sommes quelques uns comme ça. Je suis sure que je ne suis pas la seule à avoir ce sentiment et ce regard.

A un moment donné, on accepte. On accepte que les premières années quand on est parent, le look, on s’en tamponne un peu. En tous cas on accepte que ce n’est pas la priorité. On pense pratique. Tout doit être PRATIQUE !

Alors voilà, les vacances c’est fini. Je n’ai pas encore réussi cet été à avoir le beach body dont je rêve depuis 4 ans, je n’ai pas encore réussi à être à la fois maman de ma petite tornade et lookée comme quand on me disait que je ressemblais à Jenna de Rosnay et vous savez quoi ? Ça va. Je le vis bien et ça ne m’à même pas dérangé .

C’est juste la vie !

Bonne rentrée à tous et à toutes !

Balance ton blé

Je crois que notre société est à un tournant de sa mutation … je ne suis pas experte en sociologie ni en politique, je suis juste un témoin, française moyenne sûrement naïve et ignorante de beaucoup de choses, comme nous tous, de ce qui se passe dans notre monde. Avec la vitesse de la circulation de l’information, la vitesse de la déformation de l’information, la vitesse des mensonges et de la manipulation, la vitesse de la diversité des informations il y a de quoi attraper le vertige.

J’essaie coûte que coûte avec le temps de ne pas me laisser entraîner dans les tourbillons puissants populistes et je déteste les mouvements de groupe qui appellent à la haine et la destruction systématiques. ça me fait peur. Mais je déteste la manipulation et le mépris du pouvoir pour le peuple et l’aplomb avec lequel les puissants prennent le peuple pour des cons.

Au vu des événements, on ne peut pas cependant nier qu’on vit dans une société dont la générosité est vraiment inégale.

Je n’ai jamais aimé la comparaison entre les malheurs, entre les maladies, entre les souffrances, entre les causes. On soutient, on est sensible à des causes différentes, parfois à toutes en même temps et on fait tous ce qu’on peut pour être solidaire selon sa sensibilité, ses moyens.

Avec l’incendie spectaculaire, terrifiant, presque apocalyptique de Notre-Dame en plein début de semaine Sainte, il y a eu un effet symbolique d’une grande puissance pour beaucoup d’entre nous. Un garde-fou, une alarme retentissante…presque un effet de jugement dernier. En tous cas c’est comme ça que je l’ai ressenti. Et puis ce sentiment que notre histoire enracinée se consume, disparaît. Cette histoire puissante, solide, enracinée qui nous a forgé à travers les siècles qui s’efface de façon visible ça fait peur.

Je suis chrétienne catholique non pratiquante depuis des années et cet incendie m’a touché en profondeur. J’ai regardé sidérée en boucle cette flèche s’effondrer dans le brasier de la charpente. J’ai eu la gorge serrée, les larmes aux yeux. Je me suis sentie atteinte dans mon âme. Je ne pense pas avoir fait de sensiblerie. Et puis il y a cette vague de dons qui est arrivée. Cette mobilisation inouïe comme si nous avions été attaqués au plus profond de notre société, comme si nous venions de vivre une apocalypse…. l’affluence visible des grands puissants du CAC 40 Français se sont fendus de quelques millions pour sauver la France, sauver un de nos symboles … Le Président et ses conseillers ont décidé de tout suspendre et faire de cet incendie un événement national majeur.

En soi c’est bien. Je veux dire c’est positif de resserrer les liens, de faire preuve de générosité pour sauvegarder notre patrimoine. Et puis malgré tout il y a ces détails dérangeants qui petit à petit créent un malaise…des questions qui se posent… J’essaie de rester positive mais ces questions sur la nature humaine, sur la réalité de notre société surgissent … Et je réalise très vite que ces questions surgissent de partout … de façon plus ou moins suspicieuses…

L’excès de dons pour Notre Dame a eu l’effet de montrer la violence de l’inégalité de notre société et le ravin abyssal qui existe entre les riches et les pauvres. Il y en a toujours eu de l’inégalité. Les pauvres ont toujours été plus nombreux que les riches mais la différence maintenant semble être que cela est beaucoup plus visible, beaucoup plus extrême aussi.

Moi je ne reproche pas aux riches d’être riches. Moi aussi j’aimerai être riche dans l’absolu. En tous cas suffisamment pour ne pas être obligée de trop compter, pouvoir offrir des vacances à ma fille plusieurs fois par an, pouvoir me faire quelques plaisirs, sortir, voyager, prendre soin de moi et ceux que j’aime … faut pas se leurrer, l’argent, dans notre société actuelle, ça aide.

Ceux qui disent que l’argent ne fait pas le bonheur ne savent pas ce que c’est que d’en manquer. Donc oui, jusqu’à preuve du contraire, l’argent aide à mieux vivre et moi je ne suis pas contre. Par contre, je suis pour de l’argent gagné de façon juste et dans des proportions saines. Et aujourd’hui, il y a un véritable fossé entre les travailleurs qui triment en étant payés au lance pierre et des très riches qui gagnent des millions juste en étant héritiers. Je schématise évidemment.

Notre société depuis des mois, rend visible de façon criante la détresse des plus vulnérables. Avec les réseaux sociaux, le mouvement des gilets jaunes, le ras le bol bruyant et dérangeant du peuple et notamment des classes moyennes en voie d’extinction qui paient, qui travaillent qui paient toujours plus avec toujours moins de pouvoir d’achat, moins d’infrastructures, moins d’aides et de soutiens et à qui on répète qu’il n’y a pas le choix et qu’elles devront travailler encore plus, plus longtemps, parce qu’il n’y a pas le choix, parce que sinon la France s’éteindra, sinon, la dette augmentera, il n’y a pas le choix.

Les hôpitaux saturent, les handicapés sont sacrifiés, les chômeurs sont menacés et stigmatisés, les SDF augmentent, c’est la corde raide. Les associations caritatives ont moins de dons et en parallèle, les plus riches deviennent plus immensément riches (sans forcément recréer de l’emploi, sans forcément redistribuer la richesse à ceux qui en ont besoin) et soudain, soudain, ces grosses multinationales favorisées et protégées par l’Etat, grand seigneur, lâchent des millions de façon presque démesurée pour nos vieilles pierres. Pourquoi ?

Je veux dire, pourquoi aussi facilement et autant pour des vieilles pierres mais pas aussi facilement et autant pour aider l’état, les associations, les français qui souffrent ?

Cela montre que de l’argent il y en a. Il y en a dans le privé et dans le public aussi. Des milliards. On se rend juste compte que c’est une question de CHOIX. Le choix de la gestion de tout cet argent nous dépasse. A nous on répète qu’il n’y a pas le choix. Il faut payer la dette, il faut travailler plus, il faut s’assumer encore plus : retraite, santé, éducation, transports, on doit se prendre en mains et ne plus être des assistés de l’état. Mais on aide, on favorise des grosses multinationales à payer le moins possible de taxes pour qu’elles puissent s’autoriser à grands renforts de communication des dons de millions d’euros pour rebâtir un de nos monuments.

Entendons nous bien : je suis pour la réparation de Notre Dame (en espérant que cela soit fait dans le respect des bâtisseurs qui l’ont érigée), je trouve positif le don de grandes sommes d’argent en cas de besoin. Je me demande juste pourquoi la misère ne soulève pas le même élan ? Je me demande si en temps de guerre destructrice sanguinaire, en cas de cataclysme majeur, si ces mêmes immenses richesses auraient la même générosité… ? Je me demande s’il y a finalement une vraie volonté d’enrayer la misère? S’il n’y avait plus de misère il n’y aurait plus de riches .. c’est peut être ça en fait … les riches veulent rester en happy few pour être sûrs de le rester… soit. Mais quand il y a tant d’argent, à quoi cela sert-il ?

Si les hypers richesses redistribuaient une partie de leur fortune à l’état ou à des organisations caritatives, si tout le monde avait un toit, à manger, une éducation, un revenu minimal satisfaisant, ça serait la paix dans le monde. ça serait bien. Trop bien peut être ?