Bonjour chers lecteurs et désolée de cette absence mais il faut croire qu’écrire quand on a une vie trépidante, ce n’est pas toujours compatible. J’aimerai bien pourtant avoir plus le temps… Mais pour écrire j’ai besoin d’être seule, isolée, de traîner… et durant ce mois de janvier ce fut loin d’être le cas.
Et comme souvent au mois de Janvier, c’est difficile. Fatigue, froid, travail intense, bonnes résolutions, il faut tenir bon.
Quoiqu’il en soit, vendredi soir j’ai fini plus tôt. De toutes façons j’avais les neurones en compote alors je me suis retrouvée dans le métro après les sorties du collège.
En face de moi une mignonne gosse. 12 ans max. Les cheveux semi humides rentrés dans son manteau. Elle avait du avoir piscine. La galère de la piscine en hiver. Un vendredi après midi en plus. Elle avait du sucer un stylo qui avait fui car elle avait de l’encre bleue sur le milieu de la lèvre inférieur.
Elle avait un gros sac à dos Vans’ à pois rouges, bourré à craquer. Surement plus lourd qu’elle. Un jean bleu à revers, un sweat à capuche, des baskets en toile bleues craquelées qui devaient être sa paire fétiche. A cheval entre deux ages. On voyait bien que l’adolescence allait pointer mais elle avait encore son côté enfant. Mignonne. Teint pâle, châtain, jolis yeux bleus. Elle était cool. Elle dégageait quelque chose de fondamentalement insouciant et sympa.
Elle a sorti de sa poche un malabar qu’elle a mis en bouche. Un gros malabar dur. Elle le faisait passer d’un côté à l’autre de sa bouche avec sa langue. On voyait qu’elle essayait de le ramollir. Elle mâchait dur. ça la faisait saliver. Elle était drôle. Satané malabar. J’imaginais le goût sucré mélange d’arrières goûts de fraise et banane qui devaient envahir sa bouche.
A quoi pensait-elle ? A ses devoirs? A son malabar? A son goûter? Je la regardais amusée, charmée. Elle me donnait envie de revenir à cet âge.
La fraîcheur de l’enfance. ça ne dure pas longtemps car à l’adolescence les choses se compliquent mais il y a cette période bénie où on grandit, on prend de l’autonomie et on n’a pas à se soucier de quoique ce soit… Enfin dans un monde idéal où il n’y a pas de soucis familiaux, santé etc….
Je crois que j’ai eu la chance à un moment donné de ma vie d’avoir cet état d’esprit. Même si j’ai grandi vite, même si j’ai été inquiète très jeune, j’ai connu ces moments de malabar…
Avec ma meilleure amie d’enfance on enfourchait LE vélo pourri. On l’appelait ainsi parce qu’il était tout rouillé. Moi sur le porte bagage, mon amie qui pédalait – parfois l’inverse (elle était plus forte que moi !) – on allait acheter des bonbons à la supérette du village et on filait dans un vieux rempart dévorer nos trésors en se racontant des histoires loufoques. En été on remplissait des récipients d’eau et on partait dans les champs faire des batailles d’eau. Grosse nostalgie de cette tranche d’enfance. Des crises de fou rire à en faire pipi dans ma culotte.
Plus grandes on partait avec sa motocross à travers les routes de campagne pour aller au lycée. Il y avait une fougue, une liberté que j’adorais.
C’est peut être ça qui me manque. Ce sentiment de liberté et d’insouciance. Il y avait des problèmes bien sûr mais ils ne nous atteignaient pas de la même façon. Il n’y avait pas de grandes responsabilités. Il fallait surtout penser à s’amuser.
Nous n’étions pas des filles à poupées Barbie… Nous étions des garçons manqués. On faisait des blagues à notre prof de piano en s’évadant par la fenêtre avant son arrivée dans la pièce. On allait se mettre du savon liquide sur les mains et on revenait pour lui serrer la main. Et ça nous faisait bien rire. Pauvre professeur. Il était génial. Si j’avais continué avec lui j’aurai peut être fini au conservatoire national et fait une carrière de pianiste qui sait… la question m’avait été posée à l’époque mais j’étais trop jeune pour réfléchir à mon avenir…
Elle s’appelait Sophie. Elle était ma meilleure amie d’enfance. Ma moitié. Ma soeur adoptive. ça a duré de l’école primaire au lycée. Et puis un jour, malheureusement, nos chemins se sont séparés. Bêtement évidemment. Sans vraie bonne raison. Nous étions juste devenues différentes. Un grand déchirement pour moi. Je crois que l’enfance était passée.
C’est marrant ces moments de nostalgie qui remontent, ces souvenirs d’enfance intacts qui parfois resurgissent… Juste à cause d’une gosse inconnue dans le métro qui mâche un malabar.
Précieuse enfance. Quand je l’ai vue sortir du métro continuer sa route je me suis dis qu’il était vital de préserver et protéger cela. J’ai pensé à tous les enfants qui n’ont pas cette chance de vivre cette insouciance et ça m’a fait mal au coeur. Je reste persuadée qu’on est mieux armé adulte face à la vie quand on permet aux enfants d’avoir une véritable enfance…
J’espère que les parents ne l’oublient pas…
Mais dis donc c’est qu’elle a du talent la petite un écrivain en herbe j’adore redis moi ton âge!