
J’ai 44 ans, une enfant de 4 ans, un Bac+5 et 18 ans d’expérience à l’international. Je suis dans la communication. Des grosses agences, des gros clients internationaux, chez l’annonceur avec là aussi des services de communication qui claquent, des profils d’entreprise et clients multiples, des problématiques multiples (pardon de pas avoir voulu rentrer dans un seul type de case), je suis plutôt douée en management, en marketing aussi, en digital aussi (dans le e-Commerce et l’innovation depuis une dizaine d’années), je suis bilingue anglais (mais vraiment hein … j’ai grandi à l’étranger et fréquenté une école anglaise enfant), … et je suis au chômage depuis 1 an.
Un chômage pas vraiment choisi. J’ai choisi d’avoir une enfant que j’ai eu tardivement (pour raisons médicales) et après une série de paramètres, dont la conjoncture économique, je n’ai pas fait forcément de choix carriéristes mais plus des choix d’équilibre. Vous savez ce truc que les mamans qui travaillent essaient désespérément d’avoir : le sacro saint équilibre vie pro vie perso si difficile à trouver en France parce que dès qu’on part à 17h30/45 /18h ou qu’on arrive haletant à 9h30 (alors que vous êtes connecté 24/7 quasi entre le smartphone, l’ordi portable avec tout sur le cloud et j’en passe et déjà sur vos mails au petit dèje), on vous fait comprendre que vous êtes tire au flanc, pas à la hauteur, que vous devez faire des choix toussa … Et moi je n’ai jamais voulu céder à ce chantage et cette pression (que j’ai quand même ressenti évidemment sinon je ne serai pas en train d’écrire ce billet) …

Donc je suis au chômage et je me suis dit : OK. Hors de question de refaire des erreurs passées. Cette fois je serai plus selective et surtout, cette fois je ne me braderai pas. Faut pas déconner. 18 ans d’expérience, des compétences réelles et sérieuses, une vraie polyvalence, une vraie rapidité d’analyse et d’exécution, merde. Je brade pas.
Alors j’ai démarré ma quête. J’ai touché au bout de 10 mois la peut être quête ultime, mais … paf patatras, a un cheveu près c’était pas moi. Dommage. Je n’ai jamais su pourquoi. Juste que j’étais à un cheveu. Alors quoi ? J’étais trop vieille ? Trop chère ? Trop grosse ? Trop douée ? (pourquoi pas après tout) …
Dans les annonces d’aujourd’hui je distingue que : on cherche des gens seniors (35 ans c’est Senior en com’ … 44 ans c’est bon à jeter) …avec des compétences qui vont au delà du coeur de métier (oui parce qu’aujourd’hui un Dircom doit être : pro du Web Marketing, du CMS, du SEO, de la Suite Adobe y compris After Effects, et EVIDEMMENT être incollable sur Google Analytics) … c’est un peu le Pack Office des années 2000 quoi… MAIS ATTENTION … pas cher. Ce qui fait qu’on trouve AUSSI des annonces JUNIOR pour des postes de SENIOR… toujours pas cher.

C’est déroutant.
L’autre jour, j’ai été contactée par un jeune startupper au sourire ultra brite, qui me tutoies d’emblée sur Linkedin en MP et qui me propose de discuter parce qu’il a une startup dans le wellbeing qui claque sa mère et qu’il doit développer sa com’ … OK man … alors avant hein je vais poser quelques questions de base (on apprend pas à la vieille guenon à faire la grimace) : c’est quoi exactement les besoins ? Le type de contrat recherché : salarié ? Freelance ? Et le budget / salaire ça serait quoi ?
Le startupper me répond : il n’y a pas que le salaire dans la vie …
Comment dire … Alors oui c’est vrai, aujourd’hui, notamment les nouvelles générations (qui vivent encore chez leurs parents), ont besoin de trouver du SENS à ce qu’ils font. Je vous rassure, moi aussi. Travailler bêtement, ça ne marche plus. ça n’a d’ailleurs jamais marché…pour personne.
Et je vous rassure pour les plus >40 ans aussi. Mais travailler pour la gloire ou en deçà de son expérience et compétences, bah … Non… en fait. En fait si, l’argent c’est AUSSI important comme critère parce qu’avec l’argent on peut : payer son loyer, son electricité, son telephone, sa mutuelle santé, ses impôts, la cantine de son enfant, ses cadeaux de noel et anniversaire, des vacances une fois l’année qui ressemblent à des vacances, des vetements, des chaussures (même si achetés sur Vinted pour la majorité), donc excuse moi toi le jeune Startupper à la wouine démesurée, mais ouais, la thune, ça compte. Et quand on est une « vieille » comme moi, bah ça compte aussi.
Et pour les RH qui se font dicter leurs annonces par les directions marketing : faites quelque chose bon sang. Je ne suis pas une peintre en bâtiment Polonaise en situation illégale … c’est une image bien sûr … on est pas sur le marché de l’emploi version Hard Discount… ? Si ?
Alors attention… je m’adapte. Je me forme ! A moi les MOOC’s, les formations en marketing digital certifiantes pour savoir causer avec le bon jargon, faire ma presentation powerpoint avec la bonne méthodo qui va bien qui rentre dans les normes acceptées…. A moi les tutos Photoshop, Indesign, Illustrator, After Effects … et puis en plus ça m’amuse, j’aime bien.
Mais 1) j’aimerai qu’on arrête de penser que passé 40 ans et qu’à partir de 45 ans, on va être has been, inaccessible, hors de prix (non non, juste un salaire correct qui justifie les compétences et expérience) et que 2) on arrête de brader les gens avec des prétextes de merde.
Je vous rappelle qu’on est une société vieillissante. Donc vous les jeunes qui avez les dents longues et pensez que vous avez tout compris au monde et que c’est vous qui avez raison, on en reparle dans 10 / 15 ans. ok ?
Allez, salut.
La vieille guenon de 1975 qui n’a pas envie de faire de SEO pour ce texte.

Tellement vrai…surtout autour de la com et du marketing, milieu que je fuis comme la peste mais dont l’État d’esprit contamine tout.