A vous les startuppers et les recruteurs qui voulez le beurre et l’argent du beurre

J’ai 44 ans, une enfant de 4 ans, un Bac+5 et 18 ans d’expérience à l’international. Je suis dans la communication. Des grosses agences, des gros clients internationaux, chez l’annonceur avec là aussi des services de communication qui claquent, des profils d’entreprise et clients multiples, des problématiques multiples (pardon de pas avoir voulu rentrer dans un seul type de case), je suis plutôt douée en management, en marketing aussi, en digital aussi (dans le e-Commerce et l’innovation depuis une dizaine d’années), je suis bilingue anglais (mais vraiment hein … j’ai grandi à l’étranger et fréquenté une école anglaise enfant), … et je suis au chômage depuis 1 an.

Un chômage pas vraiment choisi. J’ai choisi d’avoir une enfant que j’ai eu tardivement (pour raisons médicales) et après une série de paramètres, dont la conjoncture économique, je n’ai pas fait forcément de choix carriéristes mais plus des choix d’équilibre. Vous savez ce truc que les mamans qui travaillent essaient désespérément d’avoir : le sacro saint équilibre vie pro vie perso si difficile à trouver en France parce que dès qu’on part à 17h30/45 /18h ou qu’on arrive haletant à 9h30 (alors que vous êtes connecté 24/7 quasi entre le smartphone, l’ordi portable avec tout sur le cloud et j’en passe et déjà sur vos mails au petit dèje), on vous fait comprendre que vous êtes tire au flanc, pas à la hauteur, que vous devez faire des choix toussa … Et moi je n’ai jamais voulu céder à ce chantage et cette pression (que j’ai quand même ressenti évidemment sinon je ne serai pas en train d’écrire ce billet) …

Donc je suis au chômage et je me suis dit : OK. Hors de question de refaire des erreurs passées. Cette fois je serai plus selective et surtout, cette fois je ne me braderai pas. Faut pas déconner. 18 ans d’expérience, des compétences réelles et sérieuses, une vraie polyvalence, une vraie rapidité d’analyse et d’exécution, merde. Je brade pas.

Alors j’ai démarré ma quête. J’ai touché au bout de 10 mois la peut être quête ultime, mais … paf patatras, a un cheveu près c’était pas moi. Dommage. Je n’ai jamais su pourquoi. Juste que j’étais à un cheveu. Alors quoi ? J’étais trop vieille ? Trop chère ? Trop grosse ? Trop douée ? (pourquoi pas après tout) …

Dans les annonces d’aujourd’hui je distingue que : on cherche des gens seniors (35 ans c’est Senior en com’ … 44 ans c’est bon à jeter) …avec des compétences qui vont au delà du coeur de métier (oui parce qu’aujourd’hui un Dircom doit être : pro du Web Marketing, du CMS, du SEO, de la Suite Adobe y compris After Effects, et EVIDEMMENT être incollable sur Google Analytics) … c’est un peu le Pack Office des années 2000 quoi… MAIS ATTENTION … pas cher. Ce qui fait qu’on trouve AUSSI des annonces JUNIOR pour des postes de SENIOR… toujours pas cher.

C’est déroutant.

L’autre jour, j’ai été contactée par un jeune startupper au sourire ultra brite, qui me tutoies d’emblée sur Linkedin en MP et qui me propose de discuter parce qu’il a une startup dans le wellbeing qui claque sa mère et qu’il doit développer sa com’ … OK man … alors avant hein je vais poser quelques questions de base (on apprend pas à la vieille guenon à faire la grimace) : c’est quoi exactement les besoins ? Le type de contrat recherché : salarié ? Freelance ? Et le budget / salaire ça serait quoi ?

Le startupper me répond : il n’y a pas que le salaire dans la vie …

Comment dire … Alors oui c’est vrai, aujourd’hui, notamment les nouvelles générations (qui vivent encore chez leurs parents), ont besoin de trouver du SENS à ce qu’ils font. Je vous rassure, moi aussi. Travailler bêtement, ça ne marche plus. ça n’a d’ailleurs jamais marché…pour personne.

Et je vous rassure pour les plus >40 ans aussi. Mais travailler pour la gloire ou en deçà de son expérience et compétences, bah … Non… en fait. En fait si, l’argent c’est AUSSI important comme critère parce qu’avec l’argent on peut : payer son loyer, son electricité, son telephone, sa mutuelle santé, ses impôts, la cantine de son enfant, ses cadeaux de noel et anniversaire, des vacances une fois l’année qui ressemblent à des vacances, des vetements, des chaussures (même si achetés sur Vinted pour la majorité), donc excuse moi toi le jeune Startupper à la wouine démesurée, mais ouais, la thune, ça compte. Et quand on est une « vieille » comme moi, bah ça compte aussi.

Et pour les RH qui se font dicter leurs annonces par les directions marketing : faites quelque chose bon sang. Je ne suis pas une peintre en bâtiment Polonaise en situation illégale … c’est une image bien sûr … on est pas sur le marché de l’emploi version Hard Discount… ? Si ?

Alors attention… je m’adapte. Je me forme ! A moi les MOOC’s, les formations en marketing digital certifiantes pour savoir causer avec le bon jargon, faire ma presentation powerpoint avec la bonne méthodo qui va bien qui rentre dans les normes acceptées…. A moi les tutos Photoshop, Indesign, Illustrator, After Effects … et puis en plus ça m’amuse, j’aime bien.

Mais 1) j’aimerai qu’on arrête de penser que passé 40 ans et qu’à partir de 45 ans, on va être has been, inaccessible, hors de prix (non non, juste un salaire correct qui justifie les compétences et expérience) et que 2) on arrête de brader les gens avec des prétextes de merde.

Je vous rappelle qu’on est une société vieillissante. Donc vous les jeunes qui avez les dents longues et pensez que vous avez tout compris au monde et que c’est vous qui avez raison, on en reparle dans 10 / 15 ans. ok ?

Allez, salut.

La vieille guenon de 1975 qui n’a pas envie de faire de SEO pour ce texte.

La femme de ménage

J’ai toujours vécu, enfant – quasiment – avec une femme de ménage dans ma maison. On peut même dire, une bonne, puisque à l’époque, lorsque j’étais enfant, quand nous vivions à l’étranger, cela faisait partie de « l’équipement » de l’expatrié. La seule différence étant que mes parents respectaient leurs employés et elles ont toutes sans exception, été traitées avec humanité. Et moi je les aimais comme des membres de la famille.

Et puis nous sommes rentrés en France. Mon père était presque tout le temps en déplacement à l’étranger et ma mère travaillait avec 2 enfants, le choix d une femme de ménage / repassage restait la norme …

Et puis mes autres frères et soeur sont nés et un de mes frère était handicapé donc pour le coup, une grande maison, 2 chiens, 5 enfants (même si j étais moins souvent là), ça se justifiait. Et au final on s’est aussi tous mis à faire le ménage et franchement, ça se passait bien.

Dans de nombreux cas je trouve justifié le recours à une femme de ménage : horaires des deux parents lourds, grande surface habitables, personnes âgées, malades, handicapés, dans bien des cas cela se justifie.

Et puis il y a les autres. Les bourgeoises pour qui récurer un chiotte et passer un coup d’aspirateur est dégradant ou symbole de perte de temps inutile…La femme de ménage est le symbole d’un standing de vie. On est socialement en haut de l’échelle quand on a une femme de ménage (pour cette catégorie de personnes). Faire le ménage est vu comme une infamie. Elles n’en ont même pas conscience: c est la norme ! Leur norme ! Comment?! Tu gagnes 2x le smic et tu n’as pas une femme de ménage pour tes 50m2 ?! A Paris. Et puis ça fait marcher l’économie, ça fait des emplois, tout ça … oui c’est vrai aussi, peut être.

Je suis inscrite sur un groupe Facebook de mamans de mon quartier. C’est vachement bien pour faire de la sociologie. Il y a de tout: des rares pauvres, pas mal de classes moyennes d’inférieures à supérieures et ce que j’appelle moi : des super riches (je pense qu’une partie paie ou frôle le paiement de ce qui aurait pu être encore l’ISF) – je suis à la fois sidérée, captivée, amusée et révoltée par tout ce que je lis. Je me permets d’intervenir et commenter, aider, informer quand je trouve que je peux le faire … et parfois je réagis … hier j ai réagi.

Hier, énieme post dédié à la femme de ménage. Cette fois pas la recherche de la perle rare mais une jeune femme qui vient clamer sa détresse (photos du drame a l’appu) de sa femme de ménage qui a tâché son canapé avec de l’eau de javel ainsi que le pantalon neuf de son mari !

Sur le moment j’ai ricané. Je sais, c’est pas sympa. Et puis en lisant son post j’ai commencé à moins ricaner. Elle était prête à faire marcher la responsabilité civile de sa femme de ménage pour l’incident. Sa femme de ménage était déjà en train de proposer le remboursement du pantalon neuf (ça ne devait pas être un pantalon H&M à 30 balles) – S’en est suivi une liste de commentaires de nanas comme elle : « jamais d’eau de javel pour la femme de ménage », « oui, allez y pour la responsabilité civile » … et j’en passe et des meilleures.

Et là je me suis mise à la place de la pauvre femme de ménage qui a du être saisie d’angoisse après avoir fait sa connerie. La peur de perdre son job dont elle a surement besoin. Je l’imaginais embarquée à devoir faire marcher son assurance qui jamais ne rembourserai le canapé et le pantalon du mari …

Evidemment que c’est contrariant. ça m’arriverai j’aurai les glandes faut pas se leurrer. Mais jamais ça ne me viendrai a l’idée de faire marcher des assurances ou d’accepter / demander un remboursement. J’imaginais le mépris dans le regard de son employeur … et je me suis dit : mais bon sang ! elle a qu’a le faire elle même le ménage d’abord !

Alors je me suis sentie obligée de commenter. Evidemment, j’essaie de rester civilisée et intégrée dans ce microcosme alors j’évite de devenir révolutionnaire dans ce genre de groupe. Je propose des solutions pratiques genre : « vas y tu mets un bon coup de marqueur sur le canapé Madame, on la verra plus la grosse tâche rose clair sur ton canap’ gris anthracite Ligne Roset / Habitat / Roche Bobois » (je plaisante j’ai pas mis ça).

J’ai un immense respect pour les femmes de ménage. Je pense à toute la merde des autres qu’elles ramassent, à tout ce qu’elles nettoient, à ceux (notamment les clients en hôtellerie de luxe) qui parfois se permettent d’être des gros porcs dans leurs chambre sous prétexte qu’ils paient pour que ce soit nettoyé … (oui parce que les femmes de chambres dans les hôtels aussi j’ai beaucoup d’admiration pour elles). Et oui ce sont souvent des femmes, aussi.

On dit que les femmes de ménage sont bien payées à l’heure. Les non déclarées peut être plus …peut être. Elles bossent beaucoup, se tapent plein de trajets, ont le dos et les mains abimés, inhalent des détergents à longueur de journée, de nuit… et souvent elles ont aussi une famille.

La femme de ménage est donc un privilège normal pour certaines qui pourraient faire sans et qui oublient totalement qu’en vrai, si elles étaient un peu moins snobs, prétentieuses et empotées, elles dégageraient 1h ou 2h de leur temps si précieux par semaine pour le faire elles mêmes et ça leur remettraient les idées en place (en plus d’avoir le sentiment satisfaisant d’avoir nettoyé son habitat) … et souvent quand on nettoie sa maison, on nettoie dans sa tête aussi.

Essayez ! Je vous assure ça fait même pas mal !

La dégaine déglinguée d’une maman en vacances

Moi aussi avant, quand j’étais en vacances à la mer, j’avais le temps de glander et d’être bronzée comme un pot de baume bronzant Lancaster le cul moulé dans mon deux pièces. Bon. Certes je me trouvais déjà dodue à l’époque mais finalement avec du recul j’étais juste un peu pulpeuse, surement sexy mais je l’ignorais (c’est chiant de se rendre compte a posteriori qu’on était en fait bien goalée !).

Je faisais gaffe à mon look. Je crois même que je mettais du mascara waterproof, de l’huile protectrice dans mes cheveux évidemment bien coupés, balayés pro, épilée, manucurée, gommée, fringuée sexy si je voulais (bon ok ça je peux moins le dire j’ai toujours privilégié le confort) et Nec plus ultra, j’avais un livre dans mon sac de plage et une brosse à cheveux. Mais ça, c’était avant.

Maintenant j’ai un bermuda en jean un peu destroy et un peu trop grand (pas un short sinon j’ai les cuisses qui frottent), 15 kilos de plus que je travaille à faire disparaître (mais c’est plus long qu’avant en fait et plus dur), un T Shirt potable un peu large, informe, tout terrain et une paire de tongs qui sera sûrement bonne à jeter d’ici la fin de l’été, un sac à dos de randonnée comme sac de plage avec dedans le lot de serviettes, change, portefeuille, jouets, pommes de pins, trognons de pommes de pin, kleenex, lunettes de soleil (que je mets jamais), une Kindle restée à la location parce qu’en vrai c’est impossible de lire quand on est maman d’une mini tornade.

Et puis j’ai un sac glacière vert fluo que je porte en bandoulière. C’est la grande classe. Sac à dos de rando, sac glacière en bandoulière avec les goûters, l’eau, le jus de pomme, le sacro saint sopalin, bref, faut bien s’équiper. Un chignon vite fait avec mon élastique lui même déglingué. Mon conjoint même combat, mais je trouve qu’il a toujours l’air classe. Moi, c’est discutable. C’est quand même lui qui se colle le bodyboard Vaiana acheté au Leclerc du coin parce que notre fille voulait un bodyboard et adore Vaiana et parce que je suis faible et voulais la paix pendant que je faisais les courses et qu’elle était dans le caddy.

Je pense à tout ça parce que ça fait deux étés, surtout celui ci, où je vois les filles jeunes sans enfants, le cul exposé dans des 2 pièces Tanga (vous savez, les faux strings où ça fait genre on a le maillot qui nous rentre dans les fesses mais en fait non, là c’est fait expres !) MAIS les seins couverts (ça, ça m’épate : montrer son cul c’est ok mais les seins, non) … Bref, je les vois sur la plage, affirmer leur body positive (ce que je trouve super soit dit en passant), la peau ferme, sans cellulite ou presque, bien dorées, pas un vaisseau de pété, le ventre plat évidemment, la peau entre les seins pas fripée, le sourire ultra brite de la jeunesse insouciante éclatante et moi. Moi et mon chéri avec notre tente SPF50 coupe vent mieux qu’un parasol à la con qui s’envole (un des trucs qu’on a le mieux amorti à l’arrivée de ma fille je vous donnerai le lien si vous voulez)

Et nous sommes quelques uns comme ça. Je suis sure que je ne suis pas la seule à avoir ce sentiment et ce regard.

A un moment donné, on accepte. On accepte que les premières années quand on est parent, le look, on s’en tamponne un peu. En tous cas on accepte que ce n’est pas la priorité. On pense pratique. Tout doit être PRATIQUE !

Alors voilà, les vacances c’est fini. Je n’ai pas encore réussi cet été à avoir le beach body dont je rêve depuis 4 ans, je n’ai pas encore réussi à être à la fois maman de ma petite tornade et lookée comme quand on me disait que je ressemblais à Jenna de Rosnay et vous savez quoi ? Ça va. Je le vis bien et ça ne m’à même pas dérangé .

C’est juste la vie !

Bonne rentrée à tous et à toutes !

Les #gros vous demandent de leur foutre la paix.

Saison estivale oblige, on se prend – essentiellement nous les filles – l’obligation de présenter un corps acceptable: en short, en robe, en maillot, il faut cacher ce gras, le supprimer à tout prix, gommer cette cellulite disgrâcieuse …. HELP.

Mais en même temps, il y a plein de voix qui s’élèvent sur le ‘body positive’, la fin du ‘body shaming’, les grosses qui s’acceptent et revendiquent le droit d’être comme elles sont (désolée cela semble un sujet majoritairement féminin même s’il y a des hommes dans le lot).

Moi je suis entre les deux. Je ne revendique pas mon surpoids mais je l’accepte mieux (sauf sur la plage). La grosse moyenne. Pas mince, pas obèse (quoique selon l’IMC je commence à me rapprocher depuis quelques mois dangereusement de la limite qui fait si peur). En gros si je perdais 15 kilos ça serait idéal. Eh oui. Petite rondelette, des kilos cumulés depuis des années yo-yo,  après un bébé, du stress et de la contrariété à volonté, je suis une mangeuse compulsive.  Je mange mes émotions. J’ai passé ma vie à être au régime (depuis mes 14 ans) et j’ai quand même trouvé le moyen de faire le yo-yo en pente ascendante. Comprendre par là que plus les années se sont écoulées et plus mes reprises de poids après perte ont été plus importantes ) chaque fois. Et aujourd’hui, je prends parole sur mon petit blog de rien, parce qu’après deux années infructueuses sur Weight Watchers online, appli la plus vantée, car la plus humaine, plus équilibrée (c’est vrai), des reprises abandon du régime du Dr. Fricker qui est quelqu’un qui me connaît depuis mes 26 ans, que je respecte infiniment et aime beaucoup, j’en arrive au point de non retour du : fuck les régimes.

J’ai lu le petit pamphlet sur la grossophobie « Gros n’est pas un gros mot » du collectif Gras Politique porté par Daria Marx et Eva Perez-Bello et ça m’a fendu le coeur, tellement c’est d’une vérité implacable et que j’invite tous les minces à le lire (les gros aussi).

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Et je me suis plongée dans « Maigrir sans régime » du Dr. Jean-Philippe Zermati …. j’étais allée voir il y a quelques années le Dr. Gérard Apfeldorfer, psychiatre spécialiste des TCA (Troubles du Comportement Alimentaire) car j’avais déjà bien compris que chez moi le problème ne tient pas qu’au régime.

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Entendons nous bien : je n’ai pas envie de rester grosse. Je ne suis pas grosse dans ma tête. Ce n’est pas moi. Et puis tant qu’a faire j’aimerai mieux ne pas avoir les cuisses qui frottent en été et pouvoir porter des mini shorts et m’habiller le matin sans me poser de questions ou ne pas lutter pour savoir comment je pourrai avoir l’air plus jolie et moins grosse quand je vais passer des entretiens de boulot …

J’aimerai aussi pouvoir être certaine que lorsqu’on me refuse un boulot ce n’est pas aussi à cause de mon physique … et ça j’ai des gros doutes sur le sujet, surtout dans certains secteurs. En même temps, même moins grosse je n’ai jamais été une fille à tailleurs-talons. ça m’emmerde les talons. J’en ai déjà parlé dans un de mes blogs. Moi je suis une fille en jean boots tout terrain avec 10 ou 15 kilos de moins. Mais je suis lucide. Je travaille dans un métier de représentation, donc forcément, il faut répondre aux standards et je sais que faire 15 kilos de moins aiderait ma carrière. Je ne suis pas dans le déni.

Je sais aussi que j’aurai plus confiance en moi, que je pourrai faire plus de sport, bref, je sais que beaucoup de choses iraient mieux si je pesais moins lourd. MAIS, car il y a un mais, il faudrait aussi qu’on me foute la paix. Tout le monde se sent obligé de vous sortir sa science, ses croyances, ses méthodes infaillibles sur la perte de poids. Surtout les proches. Moi je suis PhD en régimes. Entendez par là que je suis incollable. Le métabolisme, les hormones, l’alimentation, je suis sur le sujet depuis mes 14 ans. J’en ai 42. Et en plus j’ai toujours adoré la biologie même si j’étais nulle en maths donc autant dire que quand on commence à me donner des leçons sur comment je dois m’y prendre pour perdre du poids, je me marre (ou je m’énerve, aussi).

Je parle de moi parce que forcément c’est plus simple mais je sais que je suis loin d’être seule et que ça fait longtemps que ça dure pour beaucoup d’entre nous : la culpabilisation au moindre écart et perte de contrôle, l’épuisement de vivre sous contrôle, la culpabilisation tout court, la baisse de l’estime de soi, la crainte de la moquerie, le sentiment de honte, les regards des autres, la terreur du 1er jour en maillot à la plage (car en plus d’être gros on est blanc comme un cachalot),  la restriction extrême, la lancinance des donneurs de leçons, la famille qui s’en mêle pétrie de bonnes intentions (mais on sait que l’enfer est pavé de bonnes intentions), les pesées qui te donnent le sentiment d’aller au casse pipe, les pertes euphoriques suivies de reprises, le sentiment d’echec inoui et le desespoir de se dire qu’on y arrivera jamais tellement ça fait longtemps que ça dure …

C’est formidable ce que la grossophobie à engendré, ce que la course à la performance de notre société a fait comme dégâts. Dans la croyance de la société, tout est une question de volonté : si on est gros, on a qu’a faire un régime et s’y tenir. Bah oui bien sûr. Super, pourquoi j’y avais pas pensé ? Des années que je ne mange ni pain, ni sucre, que je ne bois pas de sodas ni d’alcools … et je suis quand même trop grosse. C’est con hein? Des années que je fais du sport avec plus ou moins d’intensité et pourtant: je suis toujours trop grosse ! Faut arrêter le fromage ! Je n’en mange presque jamais…. Bon ok, parfois je craque pour du pain et du beurre… Bon. Du beurre au pain, soyons honnête.

Mon problème ? La compulsion émotionnelle ET le fait que mon corps, mon métabolisme s’est habitué à la restriction et puis aussi mon patrimoine génétique parce que voilà, on est pas maigrelets dans une partie de ma famille. Je me suis déréglée avec les régimes depuis mes 14 ans. J’ai même pris plein de médicaments à l’époque : Isoméride, Dinintel, Alli … je crois que j’ai pris tout ce qui se faisait sur le marché. Certains trucs dont je n’avais tellement pas besoin plus jeune car je n’étais pas grosse… mais je croyais que je l’étais et on me répétait tellement que ma vie serait mieux si j’étais moins grosse que je le croyais et je me plongeais avec passion dans cette perte de poids.

J’ai de la chance dans mon parcours de ne pas être en obésité morbide. J’ai toujours un regard bienveillant sur l’obésité morbide car forcément il y a d’autres incidences que le simple manque de volonté et l’ingurgitation de nourriture à haute dose.

ça serait bien que les gens minces, proches et moins proches, nous foutent la paix déjà pour commencer. On sait ce qu’on doit faire et pas faire. On a pas besoin de regards réprobateurs, de remarques à la con car on est déjà assez malheureux d’être comme on est. Je défie tout gros de ne pas dire qu’il ne préfèrerait pas être mince. Même ceux qui s’acceptent. On a surtout pas besoin qu’on nous dise que c’est une question de volonté car la volonté ne résout pas tout. Et pour certains, la volonté a été tellement présente, tellement quotidienne qu’à un moment donné on a juste envie de dire : stop, pause, 123 terre je ne joue plus.

L’approche dans la perte de poids doit être globale mais une chose est sûre, il faut absolument que l’entourage, la société, foute la paix aux gros. Ce sera la seule façon de s’en sortir. Foutez nous la paix. En règle générale, foutez-vous la paix à tous. Arrêtez de juger, de donner des leçons aux autres sur comment mieux vivre sa vie, mieux éduquer ses gosses etc. …

On fait tous ce qu’on peut. Alors un peu de bienveillance vraie, ça changera.

A bons entendeurs, merci.

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La vie libre, hors des cases.

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Parfois je me demande si c’est une chance mais je crois que oui. J’ai grandi libre. J’ai grandi avec le gout de la grande vie. J’ai grandi ailleurs qu’en France. Je suis marquée dans mon ADN par mes années sous les tropiques. Je vivais dehors. Je vivais pieds nus. Je vivais en maillot de bain, en short et T-Shirt. On écoutait Bob Dylan, Randy Newman, Michael Jackson, Bob Marley. Je vivais dans une immense maison d’architecte qui surplombait une colline avec vue sur la mer des Caraïbes. J’aimais ça. J’ai grandi avec un horizon à perte de vue.

Pourtant il y a eu plein d’aléas que je n’énumèrerai pas tous ici… ce n’est pas l’objet de mon billet.

J’ai vécu dans le confort matériel. Mes parents ne roulaient pas sur l’or mais je crois que le luxe pour nous c’est ça : vivre libre. On respirait à pleins poumons, je vivais qu’avec très peu de contraintes. Je devais travailler à l’école et obéir à mes parents. A côté de ça je crois que je faisais ce que je voulais.

Et puis le retour en France a été pénible, douloureux. Il a fallu se réadapter à la vie française conformiste, qui met des étiquettes, qui enferme dans des cases. En France on est jugé selon son héritage familial, son nom, le lieu où on a grandi, la taille de sa maison, les études qu’on fait, le métier des parents, les fringues qu’on porte … Pour moi c’était nouveau tout ça. Alors il fallu apprendre et s’adapter. Et puis je suis repartie. Au Moyen-Orient cette fois. En pleine adolescence. C’était génial. Là encore j’ai goûté à une liberté que peu ont la chance de connaître à cet âge. Il y a avait seulement quelques fondamentaux : travailler à l’école, ne pas prendre mes parents pour des cons, ne pas mentir.

Je réalise avec du recul la chance que j’ai eu d’avoir un tel niveau de confiance avec mes parents. Je crois que d’un autre côté comme j’ai toujours respecté leur confiance je n’ai jamais non plus fait de grosses conneries.

La difficulté de grandir libre, c’est qu’on vit très très très mal la contrainte et l’autorité une fois adulte. Je vis très mal la servitude. Je vis très mal d’être obligée de me contraindre par raison. J’apprends. Je n’ai jamais autant appris ces derniers temps.

Un matin de la semaine dernière j’étais sur la route du travail, j’écoutais de la musique « vintage » les écouteurs vissés à fond sur mes oreilles. Je pouvais arriver tôt pour une fois… … Paul Simon, album Graceland. African Skies. J’étais le long d’une avenue hideuse et ma petite voix intérieure avait envie de rugir et de m’enfuir. Une envie de liberté viscérale m’a saisi.  Qu’est ce que je faisais là bon sang ?! Pourquoi étais-je obligée ces derniers temps de subir des situations qui me rendaient malheureuse ?

African Skies (live)

Tout simplement parce que parfois on n’a pas le choix que de ronger son frein. Patienter, continuer de croire que les choses changent, évoluent même si à un moment donné on bouffe son pain noir. Je n’ai pas été élevée comme ça. On ne m’a pas appris que la vie c’était beaucoup ça. Je l’ai découvert une fois jeune adulte propulsée sur le marché du travail. ça doit être mon enfant intérieur qui est resté bien accroché. Mon enfant intérieur vit encore pieds nus, libre, les cheveux aux vents, insouciant refusant la contrainte. Parfois j’ai l’impression d’être Gladiator :)))

Je sais que je ne retrouverai jamais cette enfance libre. Jamais. Mais je ne veux pas tout perdre. Alors lentement, patiemment, en silence, je me donne les moyens de vivre en grand de nouveau. C’est en moi je n’y peux rien. Le conformisme m’emmerde. J’ai besoin d’exister en grand. J’ai besoin d’exister libre. Il y a des gens qui savent obéir même quand ils ne sont pas d’accord, même quand le donneur d’ordre ne leur inspire pas de respect et d’admiration. Moi j’essaie mais … Chassez le naturel il revient au galop.

Je ne supporte pas qu’on m’écrase. Je refuse d’être domptée. J’essaie de respecter les règles… forcément je suis obligée, à minima. Mais je refuse qu’on me lave le cerveau, qu’on touche à mon intégrité, qu’on me traite comme une moins que rien.

Ce matin là quand je suis arrivée sur mon lieu de travail j’ai encore intégré que j’avais pourtant de la chance par rapport à d’autres… On est toujours moins libre et gâté que quelqu’un mais toujours plus chanceux que quelqu’un d’autre aussi. Parfois j’oublie. J’aimerai une grande révolte de tous les opprimés. J’aimerai une liberté vraie pour tous. On a pas le droit d’écraser autrui au nom d’un système, de règles à la con.

Je suis pour le management libéré. Je suis pour la responsabilisation et la confiance. Je suis pour la bienveillance. La contrainte annihile et détruit. J’en suis convaincue.

En France on a encore du chemin à parcourir. On croit encore que pour rendre les gens performants il faut les contraindre et les opprimer.

J’espère que les nouvelles générations vont donner le ton. J’ai hâte de voir ça. Je serai aux premières loges, prête à dégainer.

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